La si vaine bataille de Sivens
Difficile pour l'instant de dire si la nouvelle va faire grand bruit ou si elle aura l'effet d'un pétard mouillé. Pour certains, ce sera inaudible. Pour d'autres, le silence est déjà assourdissant. Un peu comme après un tir de grenade.
C'est cette décision de justice du 1er juillet 2016 qui retentit pourtant comme un énorme coup de canon sur ce projet qui a fait l'objet d'une lutte acharnée entre partisans et opposants (lire Écolo sauce lacrymo), menant à l'inutile décès de Rémi Fraisse (lire Et maintenant ?), la construction d'une retenue d'eau destinée à l'irrigation agricole sur la zone humide du Testet : le barrage de Sivens.
Et c'est le Tribunal Administratif de Toulouse qui a tranché : trois arrêtés préfectoraux sont ainsi annulés dans cette décision.
Le premier concernait la Déclaration d'Utilité Publique (DUP) du projet, remettant donc également en cause l'enquête qui y était associée, une consultation que d'aucuns avaient jugée "légère". N'oublions pas que, comme un cadeau de Noël aux opposants, la Déclaration d'Intérêt Général (DIG) avait été abrogée le 24 décembre 2015.
L'annulation du second rend tout simplement illégale l'autorisation de défrichement qui avait alors été accordée, et que le maîtres d'œuvre s'étaient empressés d'utiliser afin de décaper à nu et de manière quasi irréversible le terrain voué à la mise en eau du barrage.
Enfin, l'annulation du troisième reste une – maigre – victoire écologique, puisqu'il avait tout simplement établi une dérogation à la loi sur les espèces protégées (près d'une centaine sur ce site), autorisant leur destruction pure et simple.
En outre, l'État est condamné à verser un total de 3 750€ à certaines organisations d'opposants qui avaient saisi le Tribunal Administratif.
Fortes tensions
Est-ce pour autant une bonne nouvelle ?
En grande partie oui, puisque cela rappelle ni plus ni moins que les opposants avaient raison sur le fond, et que leur lutte était justifiée et nécessaire. Une lutte qui a pris plusieurs formes, en commençant par les moyens administratifs et juridiques, épuisant recours sur recours jusqu'à l'occupation physique de l'espace.
Pour autant, cela n'ouvre pas nécessairement la voie à un dialogue plus apaisé, cette lutte ayant cristallisé de fortes tensions, divisant la population, groupée de part et d'autre d'une ligne de démarcation qui semble indélébile, et menant à des affrontements en-dehors du « contrôle » – on renverra à cette notion qui semble bien illusoire en se demandant s'il y a bien eu contrôle cette nuit du 25 au 26 octobre 2014 qui a mené au décès de Rémi Fraisse – des Forces de l'Ordre.
Tous les moyens sont bons, et encore aujourd'hui, on peut s'en convaincre en consultant le site Internet des « pro-barrage », et la rubrique à l'orthographe suspecte et au caractère indubitablement diffamatoire et injurieux nommée QUI EST LE ZADISTE (sic.).
Remise à zéro
En tout cas, cela casse également le second projet, plus petit, décidé après l'abandon du projet initial en mars 2015 par Ségolène Royal, Ministre de l'Écologie, et qui avait bénéficié de la même bénédiction aveugle que le précédent de la part des autorités locales, poussé par cette Déclaration d'Intérêt Public désormais caduque.
De plus, qu'adviendra-t-il de cette option si les maîtres d'œuvre sont contraints de rétablir le site à son état d'origine ?
L'adage rappelant qu'il est plus rapide de détruire que de créer (ou quelque chose du genre) se vérifie une fois de plus : quelles sont les implications organisationnelles et financières pour tout remettre en état ?
Il faut rendre à nouveau fertile cette terre désolée par un décapage au bulldozer, replanter, resemer... quel budget et quels moyens seront mis en œuvre, y compris pour surveiller le site ? Nul doute que les administrés tarnais remercieront avec un large sourire Thierry Carcenac pour ce nouveau trou béant dans les finances publiques, un trou causé par un projet qui se sera finalement résumé en un creusement puis un rebouchage de trou dans une forêt qui ne demandait rien à personne.
De nombreuses inconnues demeurent encore, mais exposent au grand jour cette vérité essentielle : un projet mal préparé en lancé dans l'urgence a toutes les chances de nous exploser à la figure.
Plus d'infos :
- un article complet sur Reporterre, avec la copie de la décision du Tribunal Administratif de Toulouse
Commentaires
l'irrigation devrait être exceptionnelle et pas systématique sinon ça veut dire qu'on s'est trompé-e de culture
https://reporterre.net/Remi-Fra...-Voici-comment
https://reporterre.net/Remi-Fra...equipe-fantome
c est pas propre toute ça
http://albigestech.universpodca...ode&p=1779
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