Il faut sauver les Beaux-Arts de Castres !
C'est presque un titre de film. En tout cas, à n'en pas douter, c'est un véritable feuilleton, un Soap Opera. Mais un truc aussi dégueulasse que Plus Belle la Vie en plein épisode dépressif... le problème de la Culture à Castres.
Alors pour poser les bases, on va s'arrêter tout de suite tranquillement : il n'est pas question dans ces lignes de définir ce qu'est la Culture, ni quelles sont les formes qui sont bonnes et celles qui ne le sont pas. On ne prétend pas ici avoir raison, mais l'on revendiquera en revanche le droit de ne pas être d'accord avec ce qui se fait. Ou plutôt avec la manière dont on refuse de faire certaines choses.
C'est flou ? On s'explique. Et on prend un exemple bien concret et bien connu.
« Des bâtons dans les trous »
Cet exemple, c'est RADIOM, bien sûr. Disons qu'on connaît un peu le sujet, on le pratique depuis maintenant huit ans. Et si nous n'avions pas eu la chance d'être accueillis à bras ouverts par la Municipalité de Saïx, RADIOM serait à la rue à l'heure qu'il est. Remercions-les encore une fois.
Vous voyez où je veux en venir ? Toujours pas ? On continue.
Sans prétention aucune, RADIOM fait partie des gens, des structures, et des courants locaux qui, sous prétexte de s'amuser avec un micro et de la musique, tentent en permanence de proposer autre chose. Un truc nouveau. Des musiques que l'on n'entend pas ailleurs, des idées qui mijotent et des activités inhabituelles.
Que le succès soit au rendez-vous ou pas importe peu, pas plus que les moyens qui sont mis en œuvre pour parvenir à cet objectif.
Bouillon de culture
Car c'est ça, la Culture ! C'est la diversité, l'envie de transmettre et faire découvrir, d'essaimer... un véritable bouillon de culture. L'expression n'est pas vaine.
Et pourtant, RADIOM, loin de faire figure d'exception dans ce paysage culturel mortifié, a souvent essuyé des déconvenues, sous la forme de pressions – parfois aussi énormes qu'inavouables dans un tel article : difficile d'imaginer à quel point on regrette de n'avoir pas eu, à certains moments, un enregistrement automatique de nos conversations téléphoniques –, ou d'une absence totale de reconnaissance ou d'aide quelconque. L'amertume est palpable, et elle est assumée.
Concert de rentrée
Sur le chemin, les morts se comptent par dizaines : projets avortés, associations exsangues aux projets pourtant mirifiques, et structures qui ferment les unes après les autres.
Les exemples ne manquent pas, et la purge continue, inexorablement. Toujours ce problème d'action / inaction. L'action qui vise à phagocyter les initiatives sociales pour mieux les fermer ensuite. Et l'inaction qui vise l'essoufflement de l'énergie de ces structures qui ont besoin d'aide. Là une MJC, d'abord délocalisée puis écrasée, ici un festival de courts-métrages sauvé in extremis, ou encore cette association qui a perdu son local en plein cœur des cités de l'Ouest de la ville... et RADIOM, qui a dû s'exiler pour survivre...
Pas de doute là-dessus : ceux-là ne rassembleront, même en cumulé, jamais autant de monde que le merveilleux "Concert de rentrée" ! Seuls les habitants de Castres et des environs peuvent comprendre. Désolé pour les autres. Quelques heures de grand messe de la pop française sur la place Soult à Castres, et près de 10 000 spectateurs pendant la soirée. Imbattable.
Du moins, c'est ce que l'on pourrait faire croire, car si l'on injectait autant de moyens dans toutes ces petites structures qui peinent à sortir la tête de l'eau qu'à cet énorme truc hors de prix, nul doute que cette dizaine de milliers de personnes seraient touchées. Durablement.
Ça sent le sapin
Point de jalousie ici. Un simple constat de déséquilibre de moyens, qui découle d'un manque cruel de considération.
Et c'est là qu'on en vient à notre sujet, le titre de l'article. C'est important.
Pour résumer, on vient de parler Culture, et on vient de parler budget.
Ça tombe super bien, parce qu'il s'agit désormais de sauver l'École Municipale des Beaux-Arts de Castres, menacée de fermeture pour cause de violentes coupes budgétaires.
Déjà subodoré lors du houleux Conseil Municipal du 27 novembre 2014, le terrible sursis de la structure semble de plus en plus ténu. Ça sent le sapin pour les occupants de la Villa Briguiboul, magnifique bâtisse au milieu de son parc, abritant les salles où évoluent chaque jour les étudiants (classes préparatoires ou candidats libres) et professeurs des Beaux-Arts.
On ne donnera ici aucun conseil sur la gestion d'un budget, tâche sûrement particulièrement ardue pour une ville, fût-ce une moyenne bourgade comme Castres, convaincue que son salut se trouve dans un désenclavement à grands renforts de milliers de tonnes de bitume inutile (lire : Oh oui du béton ! Plein !). Ce serait clairement un remake d'une fameuse histoire qui parle d'hôpital et de charité. Ça va me revenir.
Lip-dub et mythologie grecque
Cependant, le résultat constaté est que quelques lignes comptables dans le rouge semblent justifier la disparition pure et simple d'un élément crucial de la Culture à Castres. Et c'est dommage.
Les Beaux-Arts, ce ne sont pas que des hippies sans projet de vie qui étalent de la gouache sur du papier épais. Non. Enfin certains oui. Et quand bien même, où serait le problème ?
Mais en sortant des Beaux-Arts, on a un regard plus ouvert sur le Monde, plus tolérant, plus imaginatif car abreuvé de découvertes picturales et tactiles inédites.
En sortant des Beaux-Arts, on peut devenir sculpteur, peintre, tatoueur, décorateur pour le théâtre et le cinéma, designer, enseignant, plombier, maçon, ingénieur...
En sortant des Beaux-Arts, on a – parfois – un minimum de bon goût, et on s'empêche de baser sa communication sur un lip-dub craignos en forme de karaoké-plagiat, ou même une horrible vidéo de fontaine qui parle (et que l'on s'empresse d'enlever des sites de partage de vidéo pour éviter le bad buzz qui monte). La grosse tehon, quoi.
À moins, évidemment, qu'on ait suffisamment de culture, après avoir arpenté (voire hanté) les couloirs de l'école, pour trouver dans cette fontaine douée de parole le mythe d'Aura, suivante d'Artemis, violée par Dionysos. La nana part en vrille, fait un déni de grossesse (en bouffant un de ses gamins) et insulte Artemis, en doutant de sa virginité. Sympa. Calomnie classique. Du coup, la déesse ne se laisse pas démonter, et fait changer Aura en fontaine. Ça lui apprendra à baver des insanités.
Alors qu'est-ce qu'on fait ?
Il ne faut pas se voiler la face : la situation n'es pas brillante. Bien que des solutions existent (augmentation des frais d'inscription des étudiants, etc.), pas sûr qu'elles soient envisagées avec autant d'attention qu'une simple suppression de cette embêtante ligne comptable. C'est si facile et rapide.
Pourtant, faute de pouvoir infléchir une quelconque position des Grands Décideurs de ce Monde, on peut contribuer, à notre manière à une tentative de sauvetage de l'École des Beaux-Arts de Castres, en manifestant tout simplement notre désapprobation contre ce projet fou de suppression de cette école pour de fallacieux motifs économiques.
Le Monde va mal, paraît-il. C'est la crise. Alors on sabre les budgets. Alors il nous reste la Culture.
Signez la pétition : "Maintenir l’École Municipale des Beaux-Arts de Castres"
Ah oui, et n'oubliez pas : ne lâchez rien !
Commentaires
Je n'ai pas indiqué de source, car il n'y en a malheureusement plus. Il s'agit d'une vidéo rapidement repérée lors d'une récente campagne municipale par certains observateurs politiques, et des internautes qui surfent depuis que le Monde est Monde. Un pastiche raté de Jean de Florette nommé "Jean de Castres... le film" sur YouTube.
La vidéo a rapidement été retirée du site par l'intéressé, sûrement après qu'un conseillé avisé ait fait remarquer que ce n'était pas de bon goût, ni sur le fond, ni sur la forme. Mais on y trouve encore des références sur le vaste web. Des liens cul-de-sac, évidemment.
De la tristesse d'avoir des conseillers en communication au goût esthétique douteux. Peut-être auraient-ils dû passer par les Beaux-Arts.
"Me semble pas que quand on a ouvert le Bolegason et donc glorifié la culture comme objet de consommation (et plus seulement d'émancipation), il y ait eu tant de réactions... bon je dis ça mais je suis Wil, donc si personne le dit (à gauche je précise) ben personne ne le dira !
Bugis vous embête encore... sacré Pascal, on peut rien attendre des gens de droite dis donc... ou plutôt SI CE SONT DES GENS DE DROITE !!! Hé.... montez une liste ou allez voter !
Puisque c'est la "créativité" votre truc : Occupez les rues, occupez le Boleg, occupez le théâtre, occupez les Beaux Arts, organisez des soupes culturelles, sortez peindre dans les parcs, débattez, faites du portes à portes, faites des émissions de radio (sans oublier d'adhérer !!), proposez des activités culturelles inventives à vos bars préférés au lieu de les obliger à programmer des groupes de toulouse qui copient la musique qu'on entends sur RTL2... en réalité on ne fait que courir après nos propres fuites... Bugis prends la place que nous ne prenons pas !
Et surtout, surtout, si vous faites tout ça, ne glorifiez pas la culture comme un nouveau dieu, mais ramenez la, là ou elle aurait toujours du être... au peuple, ET PAS SEULEMENT AUX CLASSES MOYENNES QUE NOUS SOMMES, SINON C'EST MARINE QUI REMPORTERA LA MISE, MALGRÉ TOUTE LA "CULTURE" QU'ON POURRA DÉPLOYER !!
Pour sur, même en étant à Albi, si vous montez une liste, les cultureux, les écolos, les étudiants, les gauchos et même les anar(coliques) (bref, les gens de gauche, de prêt ou de loin), je m'inscris sur les listes de Castres pour voter pour vous. Je vous organise même les meetings populaires et sauvages au pied de la statue de Jaurès, pour le coup recouverte de tag (le tag peinture, pas le tag internet !), "JAURES IS HERE, AND HE'S GONNA KICK YOUR ASS PASCAL !"
Essayez surtout de sublimer, de vous surprendre vous même, de vous faire peur, en allant toujours plus dans la rue !
Pardonnez mon ignorance crasse, mais c'est quoi le Bolegason ?
"Équipement de la Communauté d’agglomération de Castres Mazamet, Lo Bolegason est la scène de musiques actuelles du Tarn labellisée par le Ministère de la Culture et de la Communication. Elle est ouverte à un large éventail de musiques : jazz, blues, chanson, musiques traditionnelles, rock, pop, musiques électroniques, hip hop…
Sa salle de concert de 525 places accueille des spectacles et scènes ouvertes tout au long de l’année, proposant dans sa programmation des musiciens locaux comme des artistes de dimension internationale. La qualité acoustique de l’auditorium, la convivialité de l’espace bar, en font un lieu de musique vivante très apprécié.
Lo Bolegason accompagne aussi la pratique musicale, ouvrant ses quatre studios de répétition aux musiciens amateurs ou professionnels qui souhaitent venir répéter dans des conditions optimales. Pour les groupes qui souhaitent se développer, un accompagnement spécifique en résidence peut être mis en place selon leurs projets.
www.bolegason.org"
T'as raison, faut brûler les salles de concert, c'est pas bien.
Donc un peu de rassemblement ne fera pas de mal pour défendre ce genre de causes.
Après, si vous voulez vous éparpiller partout, c'est un choix. Et ceux qui ne font pas ce choix n'ont pas à rougir de ça, même si on leur reproche alors de manquer de militantisme. Chacun fait ce qu'il peut.
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