Fin de bande
À la fin du mois de mars, habituellement depuis plusieurs années maintenant, c'est un rendez-vous très attendu qui prend place. Un espace de rencontres et de découvertes, un lieu qui fourmille soudain de visiteurs pris d'un élan, celui de découvrir une sélection riche et pointue de courts-métrages d'animation. Tous se rendent aux Trois Jours Trop Courts, grand-messe du genre par excellence, une véritable institution castraise emmenée par Florence Panis, sa directrice.
Depuis sa création en 2007, le festival a accueilli des milliers de festivaliers, rencontré des artistes de tout poil aux idées novatrices et reconnues (souvent primés par ailleurs, relire Courts de printemps), regroupe des bénévoles et une communauté d'intérêt sur lesquels les organisateurs peuvent compter (relire Cinoche ? Festoche !). C'est un formidable palmarès de réalisations primées par les Cinglés du Cinéma, le public, et les différents invités chaque année qui amènent leur patte, contribuent à la pâte.
Souffler longtemps
Imaginez : chaque année, il faut se préparer à recevoir des centaines de soumissions d'œuvres, les trier, les visionner, les trier à nouveau, les sélectionner, les classer, les ventiler sur les programmes de diffusion à l'écran. Un travail de titan, un sacerdoce réel.Vient ensuite la préparation de l'événement en lui-même, le tour du monde des partenaires, financiers, éditoriaux, les invités qu'il va falloir loger, nourrir, accueillir avec une hospitalité qui fait la renommée du festival. Un booking qui démarre des mois à l'avance, et qu'il convient de faire jongler avec la programmation déjà établie d'un cinéma qui ne s'arrête pas de vivre pendant trois jours de festival.
Souffler, souffler longtemps. Mais avant, le festival, celui qui s'approche, que l'on attend avec une excitation toujours renouvelée, mais une appréhension évidente, un recommencement perpétuel.
Cette année n'échappe pas à la règle : les 29, 30 et 31 mars le festival battra son plein depuis le CGR Le Lido, et l'on s'y émerveillera de l'ingéniosité technique et scénaristique des auteurs qui présentent leur travail en compétition.
L'animation, ce créneau si fou, si inventif, si ancien aussi ! De techniques "inventées" par Georges Méliès, on est finalement restés très proches pour raconter une historie à base d'animation à l'écran. Qu'elle prenne toute la place dans une œuvre, ou soit simplement un ajout sous la forme d'effets visuels dans un film, l'animation est un incontournable du cinéma, et ce n'est que depuis quelques années qu'elle est reconnue en compétition, primée comme un genre à part entière, avec ses codes, ses contraintes, sa supériorité dans certains domaines. On utilise l'animation dans son entier, ou associée à des prises de vue réelles, comme un soutien à une narration, ou comme un parti pris artistique.
Expérience et expériences
Évidemment, les Trois Jours Trop Courts rendent hommage au cinéma d'animation, et vont même plus loin en rendant accessible aux spectateurs le travail qui est souvent un début pour des réalisateurs qui deviennent célèbres avec des longs-métrages. De l'idée à sa réalisation, du travail préparatoire au tournage, le festival nous montre tout, en invitant les auteurs à parler de leurs œuvres, à interagir avec le public, en proposant aux professionnels de prodiguer des masterclass, des conférences, des initiations à leur travail. Se sont succédé des comédiens de doublage, des animateurs, des compositeurs, des réalisateurs de courts et longs-métrages, des producteurs, des scénaristes... et tant d'autres qui font du cinéma dans son ensemble un formidable vivier d'énergies mises en commun.On pourra dire qu'on l'a vécu, ce festival, qu'il nous a tout donné, qu'on y a également contribué, de quelques pierres à cet édifice fort de onze ans d'expérience et d'expériences. Il nous a fait vibrer, pleurer, rire, fait découvrir des choses et des personnes insoupçonnées, des amitiés qui durent et qui dureront.
On arrête
Car c'est la fin, c'est la dernière séance, c'est le dernier épisode pour ces Trois Jours Trop Courts. Un rideau final qui tombera sur l'écran de cette formidable aventure lors du fameux coire de clôture si cher aux habitués (voir Trois Jours Trop Courts 2016). Un moment désormais suspendu que l'on ne retrouvera plus, encore une initiative culturelle qui crie son besoin d'un accompagnement mais qui n'y arrive plus. Ce n'est pas faute de bousculer la Culture, de la remettre en question, de lui proposer de se renouveler sans cesse, c'est pourtant enfin dans un constat d'abandon, à commencer par les pouvoirs publics qui se moquent éperdument de ce qu'est ce festival, ce qu'il amène, et ce qu'il emportera avec lui pour les habitants de Castres, du Tarn d'Occitanie, qui viennent s'entasser dans les salles obscures à la recherche du frisson de la découverte et de la nouveauté.Alors oui on est las. Las de devoir porter à bout de bras un événement si important, si conséquent, si difficile à organiser par si peu de personnes. Et cette lassitude dit stop, elle dit qu'il faut se recentrer, vivre pour soi, arrêter de porter sur de frêles — et pourtant incroyablement résistantes — épaules le poids de tout un projet artistique et culturel, pourtant plébiscité par un public toujours plus curieux. Mais des sponsors qui ne sont là que pour la galerie, une municipalité que la galerie n'intéresse même plus, on en a soupé, alors on arrête.
Bouquet final
Pour nous, c'est un déchirement, un crève-cœur, car ce festival des Trois Jours Trop Courts est né en même temps que RADIOM ou presque... à quelques mois près. On a vécu tellement de choses ensemble, les équipes se sont succédé sans jamais se ressembler, dans un véritable parcours de montagnes russes émotionnel (en images sur Festival du Film Court de Castres, 2008, et en — catastrophiques — sons dans Des invités (et un beau foutoir)), une interpénétration parfaitement chaste que l'on regrette déjà.Oui, déjà cette année RADIOM virevolte et papillonne, ne sait plus où donner de la tête, la divise, la répand entre deux événements (les Trois Jours Trop Courts et le SOS Musique) dans une fâcheuse coïncidence : c'est lorsque nous aimerions être là pour vivre les derniers instants du festival que nous serons ailleurs. Alors pour être sûrs de ne rien rater à l'avenir, on aimerait tellement que ce ne fût qu'un effet d'annonce, une mauvaise com' d'un chanteur de variétés sur le retour qui annonce pour la énième fois une tournée d'adieu. Et pourtant non, c'est bien réel et ça fait mal, peut-être trouverons-nous la force d'un rappel sous les sifflets dans les années à venir ? Pour cette fois, c'est râpé.
C'est pourquoi il est primordial que cette dernière édition des Trois Jours Trop Courts soit aussi la plus belle. Non pas parce que RADIOM manquera parfois à l'appel certains soirs, mais bien parce qu'un bouquet final digne d'un tel événement est indispensable.
Et en guise de bouquet, on peut même dire que c'est le pompon, puisque c'est un baroud d'honneur de qualité qui nous sera servi : des programmes de compétition soignés, des invités prestigieux et des interventions incontournables (Cédric Chauveau et Christophe Joaquin en maîtres de cérémonies didactiques est passionnantes sur les arcanes de leurs métiers respectifs dans le cinéma), des cartes blanches et des portfolios de grands studios (un programme proposé par le célèbre Folimage représenté par Corinne Destombes, sa directrice de développement) ou de festivals amis (Cinemagic s'exporte depuis Belfast et Dublin jusqu'à Castres pour un programme spécial), une soirée de clôture (le fameux coire) gourmande aux Champs du Sud mise en musique par Turbo Niglo invité par La Lune Derrière les Granges...
Pour ça et pour tout ce que ce festival représente, il n'y a pas une minute à perdre pour s'assurer d'avoir votre pass festivalier pour les trois jours fous de cette dernière !
Plus d'infos :
- les Trois Jours Trop Courts sur le Net
- ... sur Facebook
- l'événement Facebook pour être sûr de bien avoir les dates en tête
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